Quand les familles sans toit sont entrées dans les maisons fermées
Ainsi débute ce roman :
Quatre ans déjà : Séverine et Stéphane, je les ai vus pour la
première fois un matin de juin : je déjeunais sous un cerisier, le
Napoléon ; ils montaient vers Pech-romane, s'étaient arrêtés à
hauteur du figuier, m'avaient crié en coeur et tout sourire « bon
appétit » ; quelques banalités plus tard, je les invitais à
participer à ma cueillette matinale ; il passe si peu de monde par
ici, début juin... enfin... si Séverine ne m'avait pas
instantanément captivé, aimanté, subjugué, bouleversé, ils
auraient pu continuer leur ballade...
Ils se présentaient naturellement (trop naturellement ?),
m'apprenaient venir de Toulouse, s'être arrêtés la veille par
hasard, avoir traversé la colline, découvert une cazelle, s'y
installant pour la nuit en camping sauvage, être tenté d'y rester
quelques jours.
Elle connaissait le terme cazelle ! Et même son quasi-synonyme
gariotte ! Le plus souvent les vacanciers demandent « ça
s'appelle comment, les petits abris en pierres, ronds, à
l'abandon, avec une petite ouverture sur le devant ?... »
Cinq minutes et quelque chose me semble bizarre dans ce
« couple » : la flamme dans les yeux de cette princesse quand il
la regarde, immédiatement éteinte dès qu'il cesse de l'observer ;
pourquoi joue-t-elle des sentiments non éprouvés ?
Le soir, je me raisonnai : « non, tu cherches la petite bête, tu
t'accroches à la moindre petite faille, tu ferais mieux de vivre
simplement la réalité, telle que tu l'as voulue, acceptée, au lieu
de rêver : elle est apparue, elle t'a envoûté mais elle a continué
son chemin, elle en aime un autre, elle va disparaître dans le
brouillard de tes mirages d'amour et tu vas revivre comme
avant. »
Je me parlais déjà souvent et des observateurs m'auraient
sûrement décrit « dérangé » ou « victime de sa solitude. »
Pourtant je considérais déjà cette manière de vivre plus digne...
que bien d'autres.
En vidéo par son auteur...
Plus loin... Une réflexion sur l'Amour à la campagne...
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J'étais prêt à vivre vraiment seul, en achetant ici. Il aurait fallu
être fou d'espérer y rencontrer une femme compatible, désirée
et en plus agitée de sentiments similaires.
Quant à la possibilité de rencontrer une femme plus loin, à
Cahors, Fumel, Montauban ou Agen, ça ne pouvait être qu'une
rencontre éphémère, sexuelle ou passionnée ; je savais ne plus
jamais rouler régulièrement des heures simplement pour un
contact physique. Même cela ne m'intéressait plus.
J'avais la conviction d'avoir tiré un trait sur une activité
dérisoire, l'ersatz d'amour, mes années d'errances après « les
trois déesses. » Pensant à Marjorie, Christine et Anna comme
des exceptions sur Terre, je me considérais même vraiment sans
la moindre raison de me plaindre : j'avais au moins vécu cela,
plusieurs vies ; même si je n'arrivais toujours pas à comprendre
comment ces trois histoires avaient pu aussi rapidement foirer.
Rien compris, mais quel bonheur ! Un raisonnement m'était
venu et me convenait : quand on a vraiment aimé, imaginer
c'est nettement suffisant.
Avant :
acheter les livres (note : du romancier existent également en papier
).
Et acheter les livres (note : du romancier existent également en papier
) .