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Extraits |
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ebook pas cher : 3 euros en version numérique - 208 pages |
Ils ne sont pas intervenus (le livre des conséquences)! publié en janvier 2009 Acheter la version numérique (ebook) |
incipit : Tolstoï, Guerre et Paix La fois suivante, je me suis caché derrière le chêne. J’avais retenu la leçon : je n’irai plus chez monsieur le maire, je ne le réveillerai plus en pleine nuit, ne lui bafouillerai plus d’appeler les gendarmes, qu’il veut nous tuer, qu’il faut faire vite ; j’attendrai, tremblotant, fixant la fenêtre de la cuisine, la cour, l’étable, la route, la ruelle, les ronces ou la maison d’en face, retenant mes larmes, serrant ma lampe de poche bleue en réfrénant l’envie de l’allumer (ce serait trahir ma cachette), priant leur Dieu sans y croire ; j’attendrai, tout simplement, sagement, derrière le chêne, qu’il se rendorme, qu’il se rendorme ou les massacre et me cherche... * Je cours, m’arrête, me retourne. Il ne me suit pas. Ma main gauche contrôle la veine droite de mon cou. Peur supplémentaire : je me souviens « si tu fonces comme un cheval fou tu vas attraper une crise cardiaque. » Mais il faut courir : la place, l’abribus. Nouvel arrêt : une autre peur : la lune donne un air de monstre à la bâtisse du puits, là où « Marie Groette » happe les enfants imprudents, les entraîne au fond de la terre (légende locale, traumatisante, manière grossière d’inculquer les dangers), et après viendra la terrible rue ; les rues n’ont pas de plaque, s’appellent donc « principale », « de l’église » et « de monsieur le maire » car il habite la dernière maison, l’immense ferme, à gauche ; même éclairée par la lune, c’est impossible, mes jambes tremblent, je n’y parviendrai jamais ; mais ma mère me l’a crié : « va chez Lucien, qu’il appelle les gendarmes, dis-lui qu’il veut nous tuer. » La mémoire exagère le temps et la distance. Il me reste l’impression d’avoir parcouru des kilomètres. Je sais pourtant avec certitude : sept cents mètres et des poussières. Il était trois heures, trois heures du matin, j’avais dix ans. Il gelait. C’était en 1978, dans un village du Pas-de-Calais : Hunier, vingt et une maisons, soixante-sept habitants, pas un diplômé, des agriculteurs. Presque trente ans plus tard, ce qui me choque le plus, c’est qu’il ne m’ait pas raccompagné, monsieur le maire. J’avais frappé à sa porte, l’ouvrier avait ouvert quand j’hésitais entre continuer ou repartir ; avant toute parole, il fixa sa lampe sur mon visage et comme un automate j’articulais mon nom et mon prénom ; je ne sais plus comment je lui ai expliqué la situation mais il bougonna et deux mots furent compréhensibles « chercher patron » ; il referma ; l’attente dura de nouveau une éternité puis notre divin édile est apparu, me laissa dehors, me rassura, oui oui il allait téléphoner aux gendarmes, je pouvais rentrer chez moi... quelques secondes et la clé tournait dans la serrure... Je restais là, figé, ne me sentant plus la force de marcher... le froid m’a sorti de cette torpeur et j’ai couru sans m’arrêter jusqu’au chêne. * La suite |
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Sortie : 22 mai 2013. Un Amour béton Présentation. |
Sur le forum écrivain du 21 avril 2020 :
Le romancier engagé dans la compréhension de la crise coronavirus.
Avant : j avais dix ans (note : et monsieur le maire ne m a même pas ramené ). Et Pourquoi et comment (note : être un romancier indépendant ) . |